mercredi 10 décembre 2008

Quand la fraîcheur de nos voix s'embrasse (texte écrit avec Marie-Anne A.)

Et tandis que l'âme s'embrasait en silence,

L'homme marchait à l'ombre de la chance,

Son cœur était un ilot désert de l'absence des larmes qui l'avait desséché.

Il se sentait vide sur un sable trop chaud, sans personne à qui se raccrocher.

Et de mornes pensées en son âme tournoyant,

Tels des vautours autour de la lune, se fourvoyant.


Et voilà qu’il se mit à parler, baigné de la lumière du soleil couchant.

Il dit : « Mais que l'étoile apparaisse, qu'elle m'ôte mon visage larmoyant.

Qu'elle dissipe peine, amertume et chagrin, qu'elle éclaire mon chemin,

Qu'elle soit mon choc fulgurant, mon souffle coupé, et ma folie de gamin,

Et qu'enfin à mon tour je puisse briller sur cette toile nocturne

Pour voleter, glisser, filer au gré des vœux taciturnes... »


Au loin, l'astre scintille, il écoute cette voix où perce l'amère tendresse,

D'un cœur mis à nu, qui, dans la nuit, confesse,

Aspire à trouver en lui son unité

Et dans le silence, retentit ce souhait formulé

Comme en écho à la pamoison de son être,

Et y trouvera une réponse comme un élève en son maître.


L’astre regarde l’homme, des étoiles dans les yeux,

Mais seule une prévaut dans sa pupille aux mille feux.

L’astre, quant à lui, l’entité, un monde à part entière,

Sourit et lui prononce ces mots, telle une lumière :

« Un jour, quand viendra l'heure, cet esprit apeuré retrouvera sa candeur,

Il redeviendra tien sans que tu ne le demandes, pauvre rêveur.


« Car la Vie est ainsi faite, et tout autour de nous gravitent ces bonheurs,

Ces angéliques démons te hantent simplement parce que tu en as peur,

Alors qu'ils s'annihilent sitôt acceptés dans ton cœur,

Viens à moi, petit sage, et je te montrerai la porte de sortie de la rancœur,

Viens, mon ange, je t'emmène où les voiles d'une nuit éternelle, pourtant si claire,

Se dressent au loin, là, en ces terres éloignées, inconnues, superbes et légères,

Flottant sur la mer où nos rêves brisés heurtent des rochers si hauts,

Que nos espoirs renaissent sous l'assaut des flots.


« Flottons comme Apollon, pour faire lever le soleil,

Grisons-nous comme Vénus, et sa pomme vermeille,

Ecrivons un message, donnons-le à Mercure,

Qu’il l’envoie à notre amie la Lune d’Epicure.

Que notre verbe soit entendu

Et notre spleen disparu,

Et en confiant ce vœu aux mains de ceux qui jugent,

Puissions-nous vivre au cœur du rêve, notre refuge. »


Alors, les deux futurs amants s’en allèrent cœur dans le cœur.

Guidés sur les eaux de leur entrain, accompagné de leur symbolique haleur,

Le point de départ, dans la voie lactée, de leur histoire stellaire

Se trouve, depuis hier, dans les Nils impétueux de l’éther.

mardi 29 juillet 2008

Pour Blondin

J’ai envie d’écrire pour toi, oui, toi !

Tu es, tu n’as pas encore beaucoup été mais tu seras,

Tu seras le seul, le seul à me procurer un toit,

Le toit du monde, rien que ça dans ton aura.


Oui tout ça et moi, non, je ne l’oublie pas,

Non, impossible, quand tu te mets en quatre

Pour plier, pour déployer des efforts pour avancer d’un pas,

Tu luttes pour gagner, et ça gagne de combattre.


Et moi, tu sais, je ferais pareil, oui.

J’espère et pense que, comme moi, tu le sais,

Tout ce que j’ai en moi, mes ressentis les plus enfouis,

En si peu de temps, merci, je renais !


Si peu de choses qui font que j’avance,

Oui, j’avance vite, comme une fourmi, mais à pas de géant.

Merci, même si tu n’acceptes pas cette révérence,

Je te dois beaucoup, Blondin, mon petit Laurent !

mercredi 14 mai 2008

Petite pensée pour la maladie que j’ai…


Ouais, je crois que je vais tuer cette maladie, cette maladie qui a infesté mon corps et qui me squatte depuis des mois. Ouais, qu’elle se barre une bonne fois pour toute. Ouais, qu’elle n’empeste plus mon nez cérébral en permanence.

C’est là se sentir vide ; le vide a une odeur pestilentielle, vous ne trouvez pas ? Moi, je trouve.

Ouais, cette maladie, je vais la virer à coups de pompe dans le cul. Elle va morfler, tout comme moi, à chaque période d’incubation. Putain de périodes ! Et elles refont surface souvent, en plus ! Putain de maladie ! Elle est vraiment nulle.

Donc, je disais : « C’est là se sentir vide. » Effectivement, le vide artificiel qu’on essaie de remplir tant bien que mal avec du vent, de l’eau, de la lumière. Mais non, je n’ai pas besoin de ça, moi. Pas besoin de ça. Ce dont j’ai besoin est un autre moi qui viendrait se placer (même par intraveineuse) sous ma peau pour combler cet abîme qui ma fait tant chier. Ce dont j’ai besoin est de me sentir plein de cette personne, cet alter ego, ce mi-ange mi-démon, ce yin et yang. Quitte à ce que ça fasse mal, mais merde ! une récompense ! Un soulagement pour tout ce que j’ai enduré jusqu’à aujourd’hui, et tout ce que j’endurerai à l’avenir.

Ouais, je crois que je vais exterminer cette maladie. Je vais l’éliminer comme le ferait un tueur à gage, sans qu’elle ne s’en rende compte. L’anéantir au point qu’il faille des années pour qu’on retrouve sa dépouille fait d’ossements, et qu’on retrouve que l’auteur n’est personne d’autre que moi. Ouais, qu’elle se barre une bonne fois pour toute, un peu comme quand une ex’ te certifie que tu n’entendras plus parler d’elle et que ça te soulage. Ouais, que son odeur de vide ne s’imprègne plus sur mon costume d’Adam.

J’espère seulement lui être son Van, j’espère ne pas lui être son Humbert…

mercredi 2 avril 2008

Petite pensée pour ces oublis...

Hier soir, j’ai oublié de fumer ma dernière clope de la journée. Du coup, j’ai mal dormi. Et en plus, à cause de cet oubli, je n’ai pas rêvé comme j’en avais envie. J’ai aussi oublié d’écouter de la musique, mon addiction pour dormir, ce qui a également donné comme résultat que mon sommeil s’est enfui et s’est réfugié comme un insecte dans un antre d’oubli.

Ma vie, pour le moment, est peuplée de ces petits parasites que sont les oublis.

Ce matin, j’ai oublié de me réveiller à l’heure prévue, j’avais même oublié de programmer mon réveil, je devais le faire sonner à 8h15, pour être prêt à 8h45, pour un entretien d’embauche. Conséquence : je n’aurai pas le job. Ensuite, le mal de ventre pas possible m’a attaqué à 9h50, me rendant compte que j’avais raté l’heure. Pas faim, pas de petit-déjeuner, pas de digestion, pas de bonne journée.

Puis, vers 10h35, j’ai pris ma douche, mais j’ai oublié d’enclencher le chauffe-eau. Quel effroi ! Et quelle froidure ! Je ne me suis jamais senti aussi gelé. Et en plus, le radiateur n’était même pas allumé, l’avais-je oublié ? Oui. Ce froid plus cet oubli égale mauvaise humeur croissante. Je ne comprends pas, pourquoi oublié-je tout ce matin ?



12h15, je tente désespérément de me préparer mon déjeuner. Et merde, j’ai encore oublié d’acheter du pain. Résultat des courses : je ne pourrai pas me préparer à manger, je crèverai de faim toute la journée jusqu’au dîner de ce soir. La faim me tiraillant, je serai incapable de faire quoi que ce soit de la journée. Impossible de me concentrer, donc de travailler, impossible de regarder la télévision, ça parle trop de nourriture, impossible aussi d’écrire, je risquerais d’oublier trop de mots.

14h10, je sens qu’une envie pressante me titille. Et j’ai encore oublié l’emplacement des toilettes. Je cherche, je cours dans toute la maison, je monte les escaliers quatre à quatre, je les redescends de plus belle car je sais qu’elles ne se trouvent pas à l’étage. J’en arrive même à chercher à la cave… En vain.

Et voilà, je me suis oublié…

Malin, n’est-ce pas ? Et vous, vous avez déjà oublié ?

mardi 4 mars 2008

Petite pensée pour une cigarette

J’ai toujours voulu être une cigarette. Certainement une Marlboro. Ou peut-être même la cigarette, ses dix-neuf compagnes et son contenant, le paquet tout entier. Oui, le paquet d’une sublime jeune fille. Une sublime créature aux lèvres rouge sang, et pulpeuses, et charnues, et qui donnent envie de les embrasser. Je serais donc la première clope de son paquet, la deuxième, et ainsi de suite, jusqu’à la dernière.

Machinalement, cette jeune fille, appelons-la mademoiselle B., ouvrirait son paquet avec une force que seuls les fumeurs invétérés connaissent, celle de l’envie, du besoin de fumer. Elle arracherait le plastique entourant le carton, relèverait le couvercle et déchirerait le papier aluminium qui referme l’intérieur. A cet instant, les yeux furtifs, perçants comme ceux d’un rapace repérant sa proie, elle me choisirait : moi, sa première cigarette. Elle me sortirait délicatement du paquet, avec ses doigts félins. Je pourrais alors apercevoir le café de sa tasse à moitié vide et un cendrier encore fumant d’une cigarette mal éteinte.

Et là, le bonheur éclaterait dans mon cœur brun, et l’excitation monterait en moi comme celle d’un enfant qui découvre son cadeau le jour de Noël. Et elle me porterait lentement à sa bouche, comme pour profiter au maximum du moment qui précède l’allumage. C’est alors que j’entendrais le crépitement et ce, plusieurs fois, d’un briquet qui fonctionne mal. Et elle finirait par m’allumer, m’illuminer.

Pshht, premières lueurs du tabac qui s’allume. Premières bouffées de mon baume salvateur d’envies brûlantes de nicotine. Je serais époustouflée par ses lèvres, par ses joues se gonflant et se dégonflant. Ses paupières se refermeraient sous la douce drogue qui agit. Je serais maintenant cette fumée bleutée qui vient chatouiller sa langue, sa glotte, sa gorge et ses poumons. Je serais cette expiration de fumée qui se répand dans l’air en spirales. Je serais aussi cette nicotine qui prolifère dans son sang, ébranlant ainsi sa nervosité, et qui lui procurerait le bien-être, son bien-être.

Elle me secouerait de ses doigts de fée pour me raccourcir de mes cendres. Et d’un geste vif, elle ferait tomber mes cendres. Entre temps, elle boirait son café, en observant les jeunes gens autour d’elle, souriant, riant, discutant ou buvant.

Et là, arriverait ma fin, ma consumation finale, mon dernier souffle : la dernière bouffée. Elle serait la plus intense, la plus excitante. Et elle m’écraserait à côté d’un mégot et sur des restes de cendres, des miennes et celles d’autres clopes.

J’ai toujours voulu être cette cigarette, ce bonheur en papier, filtre et tabac. Me faire embrasser, me consumer, lui donner du plaisir, intense et sensuel, que je serais seule à pouvoir donner. Mais envie, rêve, utopie ?



Pour celle qui est fascinée par les fumeurs, les beaux fumeurs...

jeudi 21 février 2008

Petite pensée pour la crispation

Les idées fusent dans ma tête. Des idées tranchantes, mutilantes, heurtantes. Elles vont rester et stagner dans ma mémoire, jusqu’au jour où elles vont éclater, transpercer des cœurs mous et fragiles, étriper des âmes dociles et immatures.

Mon souffle se coupe, la transe s’empare de mon corps et les frissons électriques traversent ma peau. Les raisons : ces idées. Mon stylo n’est plus muselé, il peut enfin s’exprimer et extirper des mots de cette page auparavant vierge. La voie et la voix de ces mots sont élégantes, elles veulent nous mener à un doux résultat.

Mais la tension monte, la tension sue, la tension commence à circuler parmi les personnes autour de moi. Les mots sortent à moitié nus, ils s’énervent, ils effusent, ils suintent, ils dégoulinent, mais sont en partie usurpés par la lourde atmosphère qui règne ici.

Il faut se calmer, il faut s’apaiser, il faut retomber spirituellement dans une nuit sans larme et étoilée de lumières vitales. Le calme réapparaît donc, tout doucement, tout simplement, tout discrètement. La tension s’estompe alors, je peux recommencer à sourire. Mon moteur littéraire et manuel ralentit, je retrouve mes yeux ébahis d’enfant et voilé de toute réalité. Les yeux adultes, qui perçoivent la perfidie, la sévérité et la perversité ont finalement disparu. Enfin !



Mon pouls saccade parfois et je tremble...

Eolienne, tourne, tourne !

Eolienne ! Tourne, tourne !

Par la force des bourrasques,

Et mes yeux s’ajournent

Des nouvelles sensations et frasques.


Eolienne, tourne plus fort !

La vie change de visage,

Les nuages pleurent les morts,

Je ne joue plus, je me fais mage.


Eolienne, éolienne, arrête-toi !

Tout est fini, réduit en poussière,

La terre est notre toit,

Il n’y a plus de quoi faire le fier.



Un brin de poésie aérienne...